Balázs Hidvéghi : « Bruxelles veut remplacer Viktor Orbán parce que la Hongrie refuse l’immigration et la centralisation »

Balázs Hidvéghi est vice-ministre et Secrétaire d’État au sein du gouvernement hongrois du Premier ministre Viktor Orbán. Lionel Baland l’a rencontré et interrogé pour Breizh-info lors d’un événement organisé par le MCC Brussels et intitulé « Bataille pour l’âme de l’Europe ».

Breizh-info : Comment avez-vous débuté en politique ? Avez-vous commencé avec Viktor Orbán ?

Balázs Hidvéghi : Oui, j’ai rejoint le Fidesz en 1989, alors que celui-ci était un jeune mouvement d’opposition et une association pour la démocratie. J’y ai adhéré alors que j’étais étudiant à l’université et j’en suis resté membre depuis cette époque.

Breizh-info : Au départ, le Fidesz avait-il d’autres opinions politiques que de nos jours ?

Balázs Hidvéghi : L’accent principal était mis sur l’anticommunisme et sur l’organisation d’élections démocratiques libres. Le Fidesz était une jeune organisation radicale, un mouvement de jeunesse avec une limite d’âge, et il m’était déjà clair, à l’époque, que Viktor Orbán avait un talent exceptionnel pour la direction politique.

Breizh-info : Mais, le Fidesz n’était pas dans la même situation ? Il ne défendait pas prioritairement l’État-nation ? Ce sujet n’était pas le principal ?

Balázs Hidvéghi : Le Fidesz, au cours des trois dernières décennies, est devenu une force politique souverainiste conservatrice solide. L’existence de l’État-nation et le respect des minorités nationales étaient déjà importants lors de notre fondation, il y a 30 ans. Mais notre position en faveur des idées politiques conservatrices s’est clarifiée et affermie durant cette période.

Breizh-info : En Hongrie, le nouveau parti Tisza est donné à de hauts scores dans les sondages. Comment expliquez-vous que cette formation politique déboule maintenant sur l’échiquier politique ? Pensez-vous que celle-ci est une sorte de production de l’Union européenne et d’autres forces ? 

Balázs Hidvéghi : Il est très clair que Bruxelles et l’élite bruxelloise aimeraient que cette nouvelle force politique d’opposition gagne. Bruxelles est déjà intervenue dans les élections nationales hongroises par le passé, a intensifié cette pratique et l’a désormais portée à un niveau supérieur.

Les dirigeants de l’Union européenne veulent voir la Hongrie être dirigée par quelqu’un d’autre que Viktor Orbán parce que ce dernier et le Fidesz font obstacle à Bruxelles, à la centralisation, à l’acceptation forcée de l’immigration et à la politique pro-guerre que Bruxelles soutient actuellement. Le nouveau parti d’opposition Tisza n’est qu’un nouveau rassemblement des mêmes vieux acteurs. Il est, avant tout, dirigé par des élites de gauche hongroises pro-Bruxelles et pro-libérales.

Un nouvel homme, Peter Magyar, est à la tête, mais, en fait, c’est la même chose, juste reconditionnée.

Breizh-info : Et Peter Magyar, d’où vient-il dans le domaine politique ? 

Balázs Hidvéghi : Il était auparavant le mari du ministre Fidesz de la Justice Judit Varga. À l’époque, il insistait toujours pour être assis au premier rang afin d’honorer Viktor Orbán et le gouvernement dont sa femme était alors membre.

Puis, le couple a divorcé et il s’est avéré que Peter Magyar avait été très mauvais avec sa femme. Il ne la respectait pas et a fini par divorcer. Il a même enregistré secrètement l’une de leurs conversations privées et a voulu l’utiliser dans l’arène politique, ce qui est vraiment pitoyable. C’est un individu vraiment narcissique. Il a une très haute estime de lui-même et tient des propos très grossiers et dénigrants à l’égard des autres, y compris de certains de ses soutiens. La situation actuelle résulte d’une vengeance politique et personnelle de sa part. C’est un homme très frustré.

Mais, politiquement, comme vous l’avez demandé précédemment, la principale différence est que l’opposition est soutenue par Bruxelles. Cette dernière préférerait quelqu’un qui accepte, dans tous les domaines, chaque directive venant de Bruxelles. Nous n’admettons pas cela et c’est pourquoi nous sommes tant détestés là-bas, d’autant plus que nous bénéficions d’un fort soutien populaire. Cela est dangereux pour Bruxelles et pour les libéraux centralisateurs.

Breizh-info : Oui, et à propos de la relation avec l’Union européenne, vous avez des problèmes à cause de la question de l’immigration ?

Balázs Hidvéghi : La Hongrie n’est pas en difficulté à cause de l’immigration car le pays maîtrise cette question. Ceux qui rencontrent des problèmes dans ce domaine, ce sont les pays d’Europe occidentale qui ont accepté l’immigration illégale. Cela peut être constaté chaque jour en regardant les actualités à propos de ce qui se passe dans les villes d’Europe occidentale, et, désormais, même dans les villages, avec tous les problèmes de sécurité publique que connaît la société, comme les attaques contre les femmes, les attentats terroristes, etc.

Nous ne rencontrons pas ces difficultés parce que nous avons dit un non catégorique à l’immigration illégale et nous continuons à le faire même si Bruxelles nous punit d’une amende d’un million d’euros par jour parce que nous rejetons sa politique pro-migration. Nous n’accepterons jamais de nous voir imposer, par Bruxelles ou par une autre instance, l’immigration illégale. Et ils veulent aussi prescrire cela aux autres pays de l’Union européenne. Ils désirent relocaliser les migrants arrivés illégalement en Europe. Nous rejetons complètement cela. Nous n’accueillerons personne, pas un seul individu qui est entré illégalement dans l’Union européenne et qu’un autre pays membre désire voir quitter son territoire. Nous ne serons pas impliqués dans cette pratique.

Breizh-info : Des Hongrois vivent en dehors de la Hongrie. Quelle est la politique des autres gouvernements au sein de ces États, comme en Ukraine ? 

Balázs Hidvéghi : Eh bien, la situation est très différente selon le pays observé.

Nous considérons que les Hongrois vivant dans le bassin des Carpates, dans les anciens territoires du Royaume de Hongrie, doivent voir leur identité nationale être préservée, tout en constituant un pont entre la Hongrie et le pays dans lequel ils vivent aujourd’hui. Donc, par exemple, avec la Serbie, nous avons conclu un bon accord politique pour coopérer. Nous nous soutenons mutuellement. Les Hongrois vivant dans le nord de la Serbie, dans la région de Voïvodine, ont joué un rôle clé pour renforcer l’amitié hungaro-serbe.

Cependant, avec l’Ukraine, nous avons un problème car les Hongrois qui vivent là-bas ne sont pas respectés. La communauté hongroise y est menacée, ainsi que ses institutions culturelles. Ses droits et ses aspirations ne sont pas respectés. Donc, cela doit changer, mais nous n’avons toujours pas constaté d’évolution de la situation.

Breizh-info : Mais ces gens sont peut-être aussi envoyés à la guerre ?

Balázs Hidvéghi : S’il y a une guerre, alors même les Hongrois vivant en Ukraine peuvent être enrôlés dans l’armée. C’est la réalité. Mais nous disons que cette guerre doit cesser. Il doit y avoir des négociations de paix et un accord conclu entre la Russie et les États-Unis. L’Europe devrait aussi faire partie de ce dernier. Mais Bruxelles critique toujours les efforts de paix. Si les dirigeants de l’Union européenne continuent à parler de soutenir l’Ukraine pour toujours et de prétendre envoyer toujours plus d’argent à l’Ukraine, à l’armée et à l’État ukrainien, et ne montrent aucun signe de compromis, alors cette guerre ne prendra pas fin. Alors l’Europe se retrouvera coincée dans le financement d’une guerre impossible à gagner et la situation ukrainienne empirera de plus en plus, comme nous l’avons vu durant ces trois ans et demi. C’est la mauvaise voie.

Breizh-info : Et en Roumanie, il y a aussi des Hongrois ? 

Balázs Hidvéghi : Oui, en Transylvanie.

Breizh-info : Y a-t-il des problèmes là-bas ? 

Balázs Hidvéghi : Il existe une organisation politique très forte pour les Hongrois vivant en Roumanie. Elle fait partie de la coalition gouvernementale. Nous écoutons toujours son opinion sur les sujets portant sur ce qui se passe en Roumanie, ainsi que sur les questions bilatérales, et nous espérons pouvoir construire une relation encore plus forte entre la Hongrie et la Roumanie dans les années à venir.

Breizh-info : Et en Slovaquie, il y a aussi des Hongrois ?

Balázs Hidvéghi : Oui. Le gouvernement hongrois entretient d’excellentes relations avec le gouvernement du Premier ministre slovaque Robert Fico et j’espère que cette amitié, ce soutien mutuel ainsi que le respect réciproque entre les deux Premiers ministres contribueront également à l’amélioration de la situation de la communauté hongroise en Slovaquie. Le cadre de relations équilibré et fondé sur la coopération entre les deux gouvernements joue un rôle clé dans le traitement des questions litigieuses. Il revêt une importance particulière pour la Hongrie que la Slovaquie considère la communauté hongroise vivant sur son territoire comme un partenaire et traite ses droits, son identité et son rôle social comme des éléments essentiels au renforcement des relations bilatérales.

Propos recueillis par Lionel Baland

Illustration : DR
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Une réponse à « Balázs Hidvéghi : « Bruxelles veut remplacer Viktor Orbán parce que la Hongrie refuse l’immigration et la centralisation » »

  1. Avatar de Paul-Emic

    La commission se prend de plus en plus pour le Polit buro

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