
La preuve en est que lors des élections européennes de 2019, le parti qui change de nom tous les trois ou cinq ans, mise sur une ligne libérale et conservatrice, avec François-Xavier Bellamy. Au final des courses, la réponse des électeurs est cinglante : 8,48% des voix. En 2022, à l’occasion de l’élection présidentielle, la ligne connait un fléchissement certain avec Valérie Pécresse et ses positions libérales, mais pas trop, conservatrices, mais juste ce qu’il faut. Résultat, un piteux 4,78% ; même pas de quoi rembourser les frais de campagne. Bref, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Pis, ça ne veut plus.
D’où la nomination par défaut d’Éric Ciotti, à la tête des Républicains, le 11 décembre 2022, place disputée par Bruno Retailleau, tandis que, pour tout arranger, un troisième homme, Aurélien Pradié, tenant d’une ligne plus sociale, on l’a vu sur la question de la réforme des retraites, vient de se faire exclure des instances dirigeantes. De quoi laisser le champ libre au duo Éric Retailleau et Bruno Ciotti ? Loin s’en faut. Car en pleine “affaire” Grégoire de Fournas, député RN suggérant que les bateaux de migrants venus d’Afrique aient vocation à « repartir » en Afrique, Ciotti dénonce et Retailleau approuve, affirmant que « personne ne peut considérer comme raciste le fait de réclamer le retour des clandestins. » Pourtant Ciotti affirmait naguère qu’en cas de second tour d’une présidentielle opposant Emmanuel Macron et Éric Zemmour, il voterait pour le premier. Va comprendre, Charles, comme aurait pu dire de Gaulle.
Du coup, Éric Ciotti, qui a fait campagne en interne en se posant comme opposant résolu à la politique migratoire du gouvernement, en aurait appelé à ce dernier, si l’on en croit Eric Dupond-Moretti, pour délayer ce problème, appuyé à la manœuvre par Charles Ange Ginésy, son successeur à la tête du conseil départemental des Alpes-Maritimes. Ce qui fait dire à Philippe Vardon, élu municipal niçois, passé de Le Pen à Zemmour : « Répartir les migrants main dans la main avec le gouvernement, c’est donc ça, la solution de LR pour résoudre le problème de l’immigration ? (…) Ce que demandent messieurs Ciotti et Ginésy au gouvernement, c’est donc de diluer le problème ! Ça tombe bien, c’est ce que veut faire Emmanuel Macron. »
Si l’on résume, Les Républicains seraient en pleine confusion, à la fois mentale et politique. Laquelle est désormais aggravée par L’Incorrect, mensuel se voulant l’organe du rapprochement des droites, où les patrons des jeunes RN, LR et Reconquête !, Pierre-Romain Thionnet, Guilhem Carayon et Stanislas Rigault, conversent longuement de ce qui les rapproche ou les sépare. Il ne s’agit en rien de poser les jalons d’une éventuelle “union des droites”, mais juste d’une simple causerie. Mais, intellectuellement, c’est sûrement beaucoup trop demander aux ténors de cette droite donnée pour être de « gouvernement ».
Ainsi, le revenant Xavier Bertrand est-il « horrifié », tandis que François Durovray, président du conseil départemental de l’Essonne et proche d’Aurélien Pradié, dénonce une « confusion funeste ». Tout ça pour ça ? Surtout quand Guilhem Carayon admet, à propos de cette fameuse union des droites : « C’est une chimère. LR et RN ne peuvent pas se marier. Pradié dit la même chose que moi. Ni macroniste ni lepéniste. Je suis juste à 100% sur la ligne du parti. »
À ce propos, Éric Ciotti entend convoquer des États généraux des Républicains, d’ici le mois de juin prochain, afin de définir la ligne officielle de ce même parti. Fort bien ; on ignorait seulement qu’il y eut un jour une ligne et qu’il demeurait encore un parti.
En attendant, Laurent Wauquiez, l’imam caché des LR, se tient en embuscade. Pas sûr que cela aide à clarifier la situation.
Nicolas Gauthier
https://www.bvoltaire.fr/faites-vos-jeux-rien-ne-va-plus-les-lr-au-bord-de-la-crise-de-nerfs/