
par Moon of Alabama
Contrairement aux politiciens « occidentaux », j’essaie d’anticiper les conséquences que pourraient avoir certaines politiques de relations extérieures.
Le 9 mars 2022, j’ai prédit :
« Le retour de bâton des sanctions poussera l’« Occident » à accepter les exigences de la Russie.
Pendant des années, les États-Unis ont mené des politiques qui ont laissé beaucoup de pays dans l’expectative. Aujourd’hui, alors que les États-Unis ont besoin de soutien pour atténuer les conséquences de la « punition » infligée à la Russie, ces politiques reviennent à la charge. Il en va de même pour les effets secondaires des sanctions que l’ « Occident » a imposées à la Russie. […]
Cette carte montre [en bleu] les pays qui ont interdit l’accès de leur espace aérien aux avions russes. La Russie, à son tour, a refusé son espace aérien aux opérateurs de ces pays. Il en coûtera beaucoup aux compagnies aériennes des États-Unis et de l’Union européenne, car la durée et le coût de leurs vols à destination et en provenance d’Asie, qui traversent généralement l’espace aérien russe, vont désormais augmenter. Les transporteurs des pays asiatiques pourront désormais facilement concurrencer les compagnies américaines et européennes sur ces liaisons. »
Un an plus tard, le Financial Times et Fortune prennent enfin conscience du problème :
Les compagnies aériennes affirment que les transporteurs chinois ont un « avantage injuste » avec la réouverture de la Chine au tourisme : Ils ont le droit de survoler la Russie.
« Si un transporteur chinois survole la Russie, il bénéficie d’un avantage injuste par rapport à nous », a déclaré Ben Smith, PDG d’Air France-KLM, au Financial Times vendredi. M. Smith s’est plaint que le fait de contourner l’espace aérien russe ajoutait « trois heures de vol » à un avion se rendant de Paris à Séoul.
Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les compagnies aériennes survolaient souvent la Russie pour relier l’Asie à des destinations en Europe ou en Amérique du Nord. Mais la Russie a interdit à de nombreuses compagnies aériennes occidentales d’utiliser son espace aérien en février dernier, en représailles aux gouvernements d’Europe et d’Amérique du Nord qui ont interdit aux compagnies aériennes russes de survoler l’Occident.
Les compagnies aériennes européennes, canadiennes et américaines sont donc contraintes d’emprunter des itinéraires différents pour éviter la Russie. Les vols plus longs consomment plus de carburant, ce qui entraîne une augmentation des coûts et des émissions. Les vols plus longs peuvent également bouleverser des horaires de vol serrés et enfreindre les limites légales des heures de travail du personnel navigant.
Pourtant, les transporteurs de plusieurs pays non occidentaux, dont la Chine, continuent de survoler l’espace aérien russe, ce qui leur permet de proposer des vols plus rapides et moins chers vers des destinations européennes et nord-américaines.
Les compagnies aériennes européennes craignent désormais de ne pas profiter de la nouvelle vague de voyages des Chinois, alors que Pékin se rouvre suite à des années d’isolement dues au COVID. (Le tourisme chinois s’est effondré après que le pays a exigé que tous les arrivants internationaux – y compris les touristes chinois de retour – passent des semaines en quarantaine).
« Il sera très difficile de rendre les villes secondaires de Chine rentables en termes de vols », a déclaré Topi Manner, PDG de Finnair, au Financial Times la semaine dernière. La fermeture de l’espace aérien russe a nui à Finnair, mettant à genoux les efforts de la compagnie pour faire d’Helsinki une plaque tournante pour les vols reliant l’Asie du Nord à l’Europe.
Ces liaisons étaient les plus rentables pour Finnair avant que le pays n’interdise à sa compagnie nationale de les utiliser.