
En cette fin d’année 2025, le conflit entre l’Ukraine et la Russie continue aux portes de l’Europe. Depuis le déclenchement de la guerre, Polémia donne la parole à de nombreuses voix, ayant des avis parfois très différents. Vous retrouverez ci-dessous une analyse de Jean Héméra.
Polémia
Nous arrivons à la quatrième année de guerre entre la Russie et l’Ukraine.
En écoutant les récentes déclarations des dirigeants politiques européens, force est de constater que ces hommes politiques continuent à nourrir la guerre au lieu d’initier, de lancer et/ou de soutenir des négociations qui déboucheraient sur un traité de paix. Ils n’ont de cesse que de fournir des crédits, des armes, des munitions pour faire durer une guerre que tout homme conscient des forces en présence et des réalités du terrain sait perdue pour l’Ukraine. Ces dirigeants européens portent ainsi, et sans conteste, une responsabilité écrasante dans la destruction de ce pays et dans les centaines de milliers de morts et de blessés chez les deux belligérants.
La position actuelle, malgré et contre les efforts américains, de cette funeste « coalition des volontaires » est de vouloir entretenir des efforts de guerre et non des efforts de paix. Comment expliquer cet entêtement ? C’est comme si ces responsables politiques avaient peur de reconnaître s’être fourvoyés depuis le début. Citons l’exemple le plus pervers et le plus éclatant qu’est celui de l’intervention de l’ancien Premier ministre britannique Johnson à Istanbul, qui fit capoter dans l’œuf cette première tentative de négociations en vue d’arrêter les combats. Ne serait-ce pas, pour ces hommes et ces femmes politiques, respecter leurs mandats et leurs devoirs vis-à-vis de leurs peuples que de savoir reconnaître leurs erreurs et d’en tirer les conséquences ? Non, elles et ils font tout le contraire. Après le lamentable spectacle de l’utilisation ou non des fonds russes gelés, ils rajoutent 90 milliards d’euros dans un gouffre qui fait penser au tonneau des Danaïdes.
Comment peuvent-ils ignorer les enseignements de l’histoire et ne pas en respecter les leçons ? Le XXᵉ siècle a connu la Première, puis la Seconde Guerre mondiale, puis la guerre froide. Veulent-ils que le XXIᵉ siècle débute par une catastrophe générale ? Veulent-ils transformer la guerre en Ukraine en une guerre pour l’Ukraine ? Est-ce là le but des dirigeants actuels des démocraties européennes ? Pour ne citer que lui, les déclarations du chancelier Merz sont en dissonance complète avec les textes de la Constitution de la République fédérale d’Allemagne, qui lui interdit en fait une telle prise de position et, ainsi, de telles décisions. Elle stipule en effet que toute intervention armée ne peut être motivée que pour défendre la paix, mais la paix en Allemagne. Il y a 1 400 km entre Berlin et Kiev : remarquable grand écart, malgré ses 1,98 m…
Les dirigeants européens sont en pleine fiction. Le déni des réalités est aussi affligeant que destructeur.
Les états-majors politiques européens refusent de comprendre la stratégie de la Russie et sa conduite des opérations sur le terrain. Les Russes suivent quasiment à la lettre les enseignements de Clausewitz : premièrement, détruire les forces, ce qui provoquera l’effondrement de la défense ; deuxièmement, détruire les chaînes logistiques dans la profondeur ; troisièmement, attendre que la population perde confiance dans le gouvernement. C’est ce que nous vivons depuis presque quatre ans : une usure lente et systématique des troupes ukrainiennes et, quand elles seront épuisées, le gain territorial viendra de lui-même. On ne peut que constater (les faits sont têtus) que les Ukrainiens perdent chaque jour du terrain, que leurs pertes humaines sont considérables, que le nombre de déserteurs est en croissance exponentielle, que le moral des troupes s’effondre continuellement, que le soutien de la population au gouvernement de Kiev décline quotidiennement.
Continuer donc sur cette voie ne peut qu’aggraver encore l’effondrement complet, politique, économique, humain et militaire du pays. La seule porte de sortie, a minima honorable, de ce marasme serait d’arriver rapidement à des négociations qui déboucheraient sur un traité de paix, mais sans ignorer la réalité du terrain et les conséquences de la situation catastrophique dans laquelle cette politique va-t-en-guerre européenne a entraîné l’Ukraine.
En cette fin d’année 2025 et ce début d’année 2026, nous sommes à un nouveau tournant, un nouveau rendez-vous que l’Europe n’a pas le droit de rater une nouvelle fois. Elle l’a fait piteusement à Istanbul en 2022. Soit elle continuera à pousser l’Ukraine dans la descente aux enfers, soit elle décidera de battre sa coulpe et de mettre un terme au massacre dont les Européens sont co-responsables.
L’observation des déclarations récentes de la « coalition des volontaires », qui s’opposent de fait aux efforts américains pour mettre un terme à ce conflit, interdit de penser qu’ils soient capables de prendre le chemin d’une paix possible. Ils semblent vouloir rester sur le sentier chaotique de la guerre, sentier dévastateur et mortifère. Ils s’enferment dans leur fiction.
Il faut espérer que suffisamment d’Européens de bonne volonté se lèveront enfin très bientôt pour comprendre qu’il y aura un lendemain à ces tragiques événements et que l’Europe ne peut exister et vivre qu’avec la Russie et non contre la Russie, ce que, évidemment, nos « amis » américains apprécieront très mollement, puisqu’ils ont tout fait depuis toujours pour l’en empêcher.
Jean Héméra
31/12/2025
https://www.polemia.com/la-coalition-des-volontaires-et-leur-fiction-mortifere/
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