
Combat royaliste 106
Par Philippe Germain
La crise du régime républicain explique l’usage médiatique répété du terme populisme. Solution miracle pour les uns, véritable Satan pour les autres, qu’en penser clairement ?
Le populisme est une divergence idéologique majeure entre démocrates. Elle porte sur le meilleur usage du peuple sacralisé. Dans le règne de l’opinion, tant les partisans de la démocratie parlementaire que ceux de la démocratie référendaire rivalisent de séduction auprès du peuple. Eh oui, depuis la Grèce antique, la démagogie est consubstantielle à la démocratie. Même si les premiers privilégient la raison et les seconds l’émotion, l’histoire prouve que les démocrates parlementaristes défendent les intérêts d’élites oligarchiques et que les démocrates référendaires protestent contre ces mêmes élites dominant le pouvoir.
La protestation populiste active l’imaginaire « anti-gros », celui des « deux cents familles » du radicalisme de 1930 et du poujadisme de 1950. Mais le populisme protestataire mélange l’imaginaire conspirationniste de la Révolution française à un autre mythe, celui de « l’homme providentiel », le fameux « recours » gaulliste. En fait, si le populisme se donne des airs de nouveauté, sa pratique est bien éprouvée et sa rhétorique a systématiquement mené la France dans de grands malheurs. Bonaparte amena les militaires au pouvoir avec la guerre permanente. Louis-Napoléon III donna le pouvoir au capitalisme sauvage avec la révolution industrielle. Pétain poussa les technocrates de Darlan au pouvoir avec la collaboration avec l’Allemagne. De Gaulle a ramené le jeu des partis au centre du pouvoir avec perte de la souveraineté française face à l’Europe. Car la cinquième (Ve) fausse-couche constitutionnelle de Marianne qui est censée amener la République au port, l’a surtout enlisée. Sa démocratie mixant le parlementaire (participative) avec le référendaire (directe) a lamentablement échoué.
C’est pourquoi le populiste identitaire (islamophile) Mélenchon veut passer à une VIe République dont le parlementarisme rendrait l’État faible pour accepter encore plus d’identités diversifiées. La social-populiste Le Pen, pour protéger les exclus « de souche » du système, veut sauver une Ve république par des référendums radicalisant les opinions majoritaires. Ce qui est certain c’est qu’aucun de ces deux populismes ne remet véritablement en cause le « système ». Pour cela il faudrait changer son régime politique.
C’est trop demander aux démagogues populistes qui, avant tout, préservent « l’État-providence » mis en place par le pays légal parlementaire, aux frais du pays réel travailleur. Voilà quoi penser du populisme français. Et il faut se méfier de l’usage intempestif du concept de « peuple ». Nous, royalistes, suivant l’expression de Maurras, nous sommes démophiles et non démocrates, ni parlementaristes, ni populistes. Nous ne cherchons pas le meilleur usage du peuple français, nous l’aimons.
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