Périodiquement, tel ou tel apologiste du monde parfait nous refait la campagne sur l’homosexualité ou autre thème de même nature.
Depuis le débat où deux universitaires ont usé de cet argument pour attaquer la Russie, une mise au point s’imposait.
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L’homosexualité, la liberté pour les LGBT sont devenues des poncifs du débat public. Il serait mauvais de s’y opposer. Ce serait même la marque d’un esprit étroit et toute personne ouverte intellectuellement développée se devrait de favoriser l’expression LGBT.
Désolé d’objecter, mais nous allons commencer par les raisons pour lesquelles la répression fut une constante historique, puis à partir de là, les raisons ayant conduit à la modification de cette politique avant de nous attaquer à la situation actuelle.
Pour cette analyse, nous allons devoir plonger dans l’histoire morale des civilisations antérieures. Notre héritage civilisationnel vient des populations agricoles sédentaires capables de stocker et d’écrire. Nous limiterons donc l’analyse à celles-ci.
Les codes de loi, ou la morale religieuse que dans une optique matérialiste, nous pouvons considérer comme une sédimentation des codes juridiques contiennent tous des parties assez considérables sur la morale ou plutôt, la répression des comportements sexuels.
La persistance interroge. Pourquoi des sociétés miséreuses, qui souvent ne parvenaient pas à payer les policiers pour réprimer le banditisme, décidaient-elles de consacrer des ressources importantes à réprimer des comportements sexuels ? En théorie, toute relation entre adultes consentants ne cause aucun tort aux autres et donc, les juristes auraient dû laisser passer un comportement qui soulageait les souffrances et les duretés du temps.
Le paradoxe interroge, il conduit à constater que, souvent, cette répression s’est concentrée sur des comportements affichés. On allait plus rarement chercher dans le secret des alcôves. De même, les classes supérieures bénéficiaient d’une forme de tolérance plus ou moins prononcée selon les époques. Monsieur, le frère de Louis XIV, put ainsi s’afficher avec son amant, le chevalier de Lorraine, malgré le scandale. Cette spécificité nous conduit à envisager que la notion fut surtout condamnée pour son exemplarité.
La sanction se concentre souvent sur deux comportements. La liberté sexuelle féminine et l’homosexualité masculine. Faut-il s’en étonner ?
Constatons-le, la liberté sexuelle féminine conduit à des partenaires multiples. La biologie humaine est ainsi faite que, si vous pouvez toujours identifier la maman (Elle est en général là pour l’accouchement.), il est plus difficile de lever le doute sur le père. Or, la filiation est un concept central de nos constructions sociales. Elle entraîne, par voie de conséquences, l’héritage, autrement dit, l’ensemble des patrimoines et souvent même la loyauté politique du temps où nous avions des rois désignés par la main de Dieu.
Un exemple parmi d’autres fut le roi de Bourge. Son père le déshérita au profit du roi d’Angleterre. Certaines rumeurs envisagent que sa filiation n’ait pas été nette, ou, autrement dit, que la reine ait eu un amant qui fut le véritable père du roi de Bourge. On l’ignore, mais on peut constater les hésitations du parti Armagnac et surtout de son chef, jusqu’au moment où la main de Dieu désigne l’héritier légitime en envoyant la pucelle d’Orléans. Dès lors, le roi est sacré, il s’impose comme souverain et boute l’anglois hors de France. La légende historique montre l’importance de ces petites choses.
Faut-il s’en étonner, sans garantie de filiation, comment convaincre les populations d’économiser ? De s’infliger les terribles sacrifices qu’exige la constitution d’un patrimoine en ces temps difficiles ? Sans eux, pas d’amélioration des terres, de construction de moulins, de roues à eau. L’investissement est limité en ce temps-là, il n’en est pas moins vital !
Dès lors, des comportements incompréhensibles pour notre temps plus heureux se justifient. Dommage pour les femmes, mais elles doivent garantir la filiation.
Il en va de même pour les hommes. Ils doivent contribuer au ménage et à l’état, à la production et à l’entretien des enfants pour maintenir la population. Sans postérité, se sacrifieront-ils pour l’état, se crèveront-ils au travail ou glisseront-ils vers la consommation ? Pire, s’infligeraient-ils le trauma de risquer de perdre des enfants quand la mortalité infantile était considérable ? La réponse était simple, ne pas demander, imposer !
D’ailleurs, les sociétés anciennes ne valorisent pas l’individu, mais la famille. L’absence de postérité tue la famille et donc les économies de toute une lignée. Certes, il ne manquera pas de vautours pour récupérer, mais l’effet de motivation tue l’incitation à l’économie.
On le voit, il existait des raisons pour réprimer l’individualisme et nos grandes théories modernes auraient conduit à une catastrophe si on les avait appliquées à ces époques, car elles auraient ruiné le sens de l’effort. Pour cette raison, ce fut souvent intégré aux codes religieux pour permettre aux populations d’intérioriser un interdit qui ne devait plus être remis en question.
Seulement, ce qui est valable en époque agraire, l’est-il toujours aujourd’hui ? Beaucoup de choses ont changé dans les structures de la société. D’abord, les machines, la mobilisation des combustibles fossiles ont doté nos sociétés d’une richesse qu’atteignaient peu de ménages en époque agraire. On estime ainsi qu’un ménage occidental dispose de l’énergie d’une douzaine de chevaux : Carburants pour la voiture, chauffage, les multiples usages de l’électricité. En époque agraire, une telle richesse vous classait parmi les deux ou trois pour cent les plus riches de la population.
L’effort d’épargne devient donc plus tolérable. De toutes les façons, il est surtout assuré par des entreprises qui achètent les machines dans le cadre de leurs combinaisons de production ou par l’état via les infrastructures. L’épargne privée se transforme en action fongible, dettes d’états, tout papier facile à vendre où à acheter sur les marchés. La seule épargne privée directement liée à la production est celle des agriculteurs, artisans et autres entrepreneurs indépendants. Sans être négligeable, elle n’est plus vitale pour la société.
Mieux, la mortalité infantile a incroyablement diminué. Avoir des enfants n’est plus une aventure meurtrière où vous risquez de perdre votre épouse avant de ruiner toute votre existence. Cela ne signifie pas que les familles ont plus d’enfants, mais que les facteurs clés ont changé. Le choix des enfants relève des valeurs morales et du niveau de vie. La contrainte d’état n’y changera rien et elle serait contre-productive, car le besoin est d’enfants bien éduqués et non de mômes produits sous la contrainte et objet de la rancœur familiale. L’enfant est désormais un objet d’affection avant d’être un calcul économique comme il l’était souvent autrefois.
Enfin, si le doute persiste et qu’il faille certifier une filiation, il existe des tests ADN qui garantissent la paternité avec le même niveau de confiance que la maternité. Tous ces changements matériels conduisent à supprimer le besoin de réprimer les comportements sociaux et les sociétés occidentales se sont libéralisées.
Le terme ne doit pourtant pas être pris au pied de la lettre. Comme nous l’avons vu, la répression sexuelle fut longtemps institutionnalisée et intériorisée. La disparition de ses raisons ne conduit pas à un ajustement immédiat des paradigmes sociaux. Il demeure un effet de rémanence qui mettra sûrement un certain temps à s’ajuster.
Pire, le XIXe siècle usa de sa richesse pour resserrer les carcans sociaux. À la fois pour user de la religion comme moyen de faire accepter les hiérarchies sociales, mais aussi, car l’abondance de ressources permettait enfin de richement doter les polices des mœurs. Il fallait libéraliser, on resserra les boulons, sauf pour les classes supérieures dans un modèle hypocrite qui discréditait ce qu’il prétendait sanctifier. La solution fut prévisible : un ordre plus injuste et plus violent. Un exemple actuel serait celui des polices des mœurs dans les pays arabes, encore que, il existe des raisons sur lesquelles nous reviendrons.
Restons pour l’heure en occident : portées par des affaires comme celle d’Alan Turing, mathématicien de génie, castré chimiquement pour son homosexualité, qui se suicida peu après, les législations évoluèrent dans un sens libéral. L’occident décriminalisa l’homosexualité, le divorce devint permis et même le divorce pour faute, la notion d’adultère disparaissent des codes judiciaires.
Jusque-là, le mouvement se bornait à ouvrir ou créer des droits privés, il restreignait l’action de l’état et, malgré certaines résistances, il progressa vite si l’on considère l’échelle historique.
On aurait dû se réjouir, mais l’humain a un formidable talent pour pourrir les meilleures idées. Si l’interdiction disparaissait, les censeurs n’allaient pas laisser passer l’occasion de jouer des ciseaux. Il suffisait d’inverser la poussée et au lieu de condamner les actes, de condamner le manque de tolérance. Certains n’ont, dans la vie, rien d’autre à faire que de se mêler des pensées des autres. Sûrement un moyen de meubler la vacuité de leurs existences.
Ils ont trouvé des soutiens puissants, ceux décidés à orienter les mobilisations dans une direction non susceptible de remettre en cause la hiérarchie des revenus et des patrimoines. Pour détourner de la lutte des classes, il convenait de trouver des causes transclasses bien commodes pour permettre que la classe supérieure soit le frère ou la sœur de la classe pauvre. Racisme, comme si l’émir saoudien était mal accueilli dans son palace de la Côte d’Azur, féminisme, comme si la bourgeoise était l’égale de sa femme de ménage engagée avec des remises d’impôts et bien sûr la fameuse cause LGBT.
Beaucoup d’argent fut déversé sur ces causes bien commodes qui permettaient d’orienter l’énergie sociale dans la ″bonne″ direction. En reconnaissance pouvons-nous penser, les dirigeants de ces organisations se montrèrent trop souvent complaisants envers la main qui les nourrissaient.
Là est le problème. Ces causes que l’on nous présente comme le summum de la bien-pensance sont désormais suspectes. Les états ciblés par l’empire américain se méfient donc de ces organisations perçues comme des chevaux de Troie pour l’ingérence étrangère. Ce faisant, on revitalise des forces conservatrices qui sans cela, perdraient de leur puissance, comme la feuille tombe de l’arbre en Automne.
Pour maintenir leur adversaire favori, nos mouvements modernistes font d’ailleurs tout le nécessaire déjà, leurs méthodes dictatoriales qui visent à imposer l’ajustement social par la censure et la répression sont odieuses pour ceux qui ne font que reconduire le passé. Bien sûr, il faut éviter les insultes et les brutalités, mais de cette manière ? Le Code pénal réprime en général les comportements agressifs, mais là on ajoute les bonnes causes du jour !
On opère un changement social à 180° en deux générations et on se permet de faire la leçon comme si cela avait toujours été une vérité d’évidence ? Mesure-t-on la brutalité du procédé ? Qui pour expliquer les raisons historiques et les raisons du changement ?
Pas grand monde, il est tellement plus facile de faire la morale et de se proclamer les héros de la bien-pensance. Le procédé est sûrement bien pratique pour s’accorder des médailles de morale, il génère toutefois haine et rejet.
Rejet au sein des sociétés occidentales ainsi fracturées par le comportement des détenteurs du dogme qui insultent, condamnent et réprime au lieu d’expliquer. Rejet dans les pays non occidentaux qui subissent notre ordre et aspirent à s’en débarrasser. L’Afrique vient de nous en donner un exemple cinglant.
Enfin, rejet par ceux ciblés par les puissances occidentales qui, depuis l’histoire des armes de destructions massives en Irak, savent très bien que l’occident utilise ses causes avec cynisme. Nous l’avons oublié, mais ces pays se rappellent que les inspecteurs américains du programme d’inspection des armes de destructions massives ont établi le relevé détaillé de toutes les bases irakiennes au mépris de leur devoir de neutralité. Tout ça, pour ne rien trouver !
Dès lors, faut-il s’étonner que les pays ciblés par les Américains et leurs relais exigent un recensement de ces organisations ? Tous leurs activistes ne sont peut-être pas des traîtres à leur nation, mais un certain nombre peuvent l’être ! Il est donc normal de les traiter avec prudence, surtout quand la cause est instrumentalisée par les ambassades pour peser dans le débat publici. Pire, lorsque les libéraux pèsent quelques pour cent dans le débat public, on peut s’interroger, ou ne pas s’interroger sur la manière dont ces activistes ont trouvé les moyens de financement ? Le scandale de l’US aid a montré combien ces causes avaient été soutenuesii.
On critique les lois russes sur la propagande homosexuelle. Constatons d’abord que, contrairement à la loi anglaise de 1952, la loi russe ne condamne pas l’acte. En son temps, Turing a signalé un vol à son domicile à la police. Durant l’enquête, il a fait des aveux spontanés et francs sur sa relation avec Arnold Murray, l’homme impliqué dans le vol, lors d’un interrogatoire policier. C’était une confession dans un cadre judiciaire privé, pas une déclaration publique. En Russie, ce comportement est légal.
Cette décriminalisation de l’homosexualité en Russie date de 1993. Les premières Pride moscovites eurent lieu dans les années 2000 sans répression majeure. Les lois restrictives arrivèrent après 2010, précisément quand l’ingérence occidentale devient massive et visible.
Et, là encore elles se limitent à la propagande publique pour ce type d’orientation. Maintenant, imaginons-nous venir dans les médias pour un débat sur les différentes positions sexuelles dans les couples hétéros sexuels ? Passer le Kamasutra en revue avec les détails choquerait, non ? Pourtant, nous restons dans le cadre d’une relation hétéro sexuelle consentie. La propagande LGBT défie le commun en ce sens qu’au nom de la tolérance, elle fait entrer dans l’espace public ce qui devrait rester de l’ordre de l’intime entre adultes consentants.
Nous imposons donc, à ces pays, ce qui est perçu comme une violence symbolique. Non seulement en émettant un jugement de valeur sur ce qui relève de la juridiction intérieure, mais aussi en imposant une forme de hiérarchie des valeurs.
Dès lors, notre comportement est contre-productif, il expose les gens que nous prétendons vouloir protéger à des représailles qu’ils n’auraient pas subies si le nationalisme ne se greffait pas sur l’évolution sociale normale. Les LGBT souffriraient-ils autant si nous n’intervenions pas ? La question ne trouvera pas de réponse, car il est impossible d’avoir des histoires parallèles, mais le doute et l’accusation subsistent.
Il en va de même pour les polices religieuses de divers pays. Non seulement nos services ont bien trop souvent aidé les islamistes à s’imposer, mais notre interventionnisme transforme le conservatisme social en acte de patriotisme. Par exemple, en Iran. Qui rappelle que, pour être moderne, la police du Shah imposait l’abandon du voile ? Leur loi actuelle fut une réponse, un moyen de marquer le changement d’ordre. Sans nos constantes critiques, on peut envisager que la société iranienne s’en serait débarrassée. Là encore notre action est contre-productive et les gens qui, chez nous l’instrumentalisent devraient s’interroger sur l’excellence de leur tactique pour atteindre les buts moraux qu’ils affichent.
Ou bien, certains pourraient de demander : Ces gens ne sont-ils pas des hypocrites avec un agenda dissimulé ?

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