De l’intelligence et du patriotisme…

Un vingtdeuxième texte de notre rubrique « Souvenez-vous de nos doctrines » est à retrouver aujourd’hui, tiré de divers propos d’Auguste Comte.

Les sentiments, malgré leur altération croissante, soutiennent seuls la société actuelle ; ils ne sont essentiellement troublés que d’après la perturbation des idées. Ainsi, la maladie est d’abord et surtout intellectuelle.

L’anarchie occidentale concerne surtout l’intelligence, dont le désordre constitue la principale source des altérations du sentiment et des directions de l’activité.

L’état normal de la raison humaine exige une combinaison permanente entre le dogmatisme et l’empirisme.

Notre intelligence manifeste sa plus grande liberté quand elle devient, suivant sa destination normale, un miroir fidèle de l’ordre intérieur, malgré les impulsions physiques  ou morales qui tendraient à la troubler.

On ne doit pas, sans doute, exagérer l’influence de l’intelligence sur la conduite des hommes. Mais, certainement, la force de la démonstration a une importance très supérieure à celle qu’on lui a supposée jusqu’ici… C’est principalement parce qu’il n’y en a jamais eu encore dans la politique que les hommes d’État se sont laissés entraîner à de si grandes aberrations pratiques. Que les démonstrations paraissent, les aberrations cesseront bientôt.

Nul n’est assez insensé pour se constituer, sciemment, en insurrection contre la nature des choses. Nul ne se plaît à exercer une action qu’il voit clairement devoir être éphémère. Ainsi les démonstrations de la politique d’observation sont susceptibles d’agir sur les classes que leurs préjugés et leurs intérêts porteraient à lutter contre la tendance de la civilisation.

Le patriotisme proprement dit, réduit même au simple civisme, ne cessera jamais de constituer le degré le plus usuel du vrai sentiment humain. Car, si, d’un côté, nous tendons à multiplier autant qu’il est possible nos relations sympathiques, nos affections, d’une autre part, ne restent assez énergiques que si leurs objets peuvent être conçus d’après un commerce habituel.

Rien ne peut consolider autant les liens humains que leur concentration habituelle autour d’un siège matériel, aussi convenable à la continuité qu’à la solidarité… Quand un même milieu rallie un nombre suffisant de cœurs et d’esprits, son aptitude synthétique se trouve augmentée envers chacun par leurs liaisons mutuelles qui, réciproquement, en reçoivent un surcroît de consistance et d’énergie

Une telle union avec le sol tend à rectifier, ou même à prévenir, les divagations spontanées de notre intelligence, en la disposant davantage à la subordination normale du subjectif envers l’objectif.

https://www.actionfrancaise.net/2025/12/27/de-lintelligence-et-du-patriotisme/

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