Châteauneuf-Grasse : le centre pour mineurs isolés n’est pas près d’être fermé

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Était-ce « une promesse en l’air » ? Fin octobre 2025, la mairie de Châteauneuf-Grasse (Alpes-Maritimes) annonce son intention de racheter l’unique hôtel de la ville, transformé en centre d’accueil pour mineurs non accompagnés, afin d’en faire une maison de santé. L’objectif de la commune : faire fermer ce centre qui depuis près de trois ans dérange la tranquillité de cette petite cité de la Côte d’Azur et offrir un meilleur accès aux soins. La promesse d’achat est signée, la vente définitive est prévue pour janvier 2026. Les habitants respirent à nouveau, certains de voir les mineurs isolés quitter prochainement la commune.

Une réquisition du centre par l’État

Seulement, mi-décembre, c’est la douche froide… Les habitants de Châteauneuf-Grasse apprennent que le préfet des Alpes-Maritimes demande la « réquisition » du bâtiment pour « au moins six mois » pour la même occupation. Et ce, alors que le bail avec l’association Entraide Pierre Valdo, qui gère actuellement le centre, arrivait bientôt à échéance. Quelques jours plus tard, le 19 décembre, en début de soirée, une délibération du département envenime la situation. Le conseil départemental a, en effet, voté l’attribution de la gestion de la prise en charge des mineurs non accompagnés à un nouvel opérateur, l’association PAJE (Pasteur Avenir JEunesse), en remplacement d’Entraide Pierre Valdo. Le tout pour une durée de… trois ans.

Certes, la délibération « porte sur la prise en charge de mineurs non accompagnés, peu importe le site de prise en charge ». Il n’y est donc pas stipulé que le centre pour mineurs isolés géré par l’association PAJE sera reconduit dans les murs de l’ancien hôtel Campanile de Châteauneuf-Grasse. Seulement, « la réquisition, opérée dans le cadre de ses prérogatives par la préfecture pour accompagner le département et trouver des sites d’accueil de mineurs non accompagnés mis à l’abri et confiés, s’est portée sur le site déjà en fonctionnement à Châteauneuf-Grasse […] en l’absence de tout autre lieu identifié », explique le département, dans les colonnes de Nice-Matin.

Nuisances, incivilités et insécurité

À Châteauneuf-Grasse, la stupeur laisse place à la colère. Emmanuel Delmotte, le maire sans étiquette de cette ville de 3.700 habitants, promet de ne « pas lâcher »« Ce n’est pas parce que c’est légal que c’est normal », s’indigne ainsi l’édile, sur le plateau de France 3 Côte d’Azur. L’élu local dénonce notamment les nombreuses « incivilités » et « l’insécurité » subie par les habitants de sa commune depuis l’installation du centre pour mineurs isolés.

En effet, ces derniers mois, BV a pu se procurer plusieurs vidéos tournées par des riverains du centre. « Plusieurs habitants ont leur jardin qui donne directement sur les fenêtres de l’hôtel. Ils subissent des nuisances sonores, jour et nuit. Ils sont dérangés en pleine nuit par l’alarme incendie ! […] Et ces jeunes traînent [dans la rue] et font des réflexions agressives aux passants »résumait, pour BV, Cyril Malbert, l’un des principaux opposants au centre. En juin, Le Figaro affirmait que « quatre jeunes résidents avaient tiré des billes de plastique et de plomb dans la cour d’une crèche située à proximité » du centre. La mairie a alors été contrainte de barricader la crèche, faute de pouvoir fermer ce centre. Et encore, début octobre, « des tirs de pistolets à billes ont [à nouveau] visé la cour de la crèche municipale », rapporte le conseil municipal, alors que les enfants se trouvaient à l’intérieur de l’établissement. Une plainte contre X a été déposée par la municipalité. Une fronde avait également éclaté au sein du centre, conduisant à l’intervention des forces de l’ordre

La commune de Châteauneuf-Grasse, qui a engagé plusieurs procédures contre l’État et le département, ne désespère pas de se faire entendre. Pour l’heure, Emmanuel Delmotte déclare vouloir « poursuivre l’acquisition du site, car c’est la seule solution pour pouvoir maîtriser ce foncier afin de réaliser notre maison de santé ». Cyril Malbert, de son côté, promet de « continuer le combat ».

Clémence de Longraye

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