Un parlement multidimensionnel

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Les politologues sérieux le disent souvent : une élection se joue, y compris quant au taux d’abstention, dans les 10 ou 15 derniers jours de campagne. L’institution du parlement européen fut mise en place dans les années 1970. Or, on ne s’est pas assez interrogé à l’époque, à propos de ce qu’il allait engendrer. Il me souvient ainsi d’avoir cherché, vainement bien sûr, à mettre en garde contre ce que risquait, dangereusement, de devenir l’Europe des parlementaires. La petite publication belge qui abrita mon long papier en avait fait son éditorial. Elle a disparu depuis et je n’en possède même pas un exemplaire pour mes archives et souvenirs.

Et, surtout, c’est l’Europe des technocrates et des bureaux qui a prévalu, précisément depuis qu’en 1979, pour la première fois, cette assemblée fut élue au suffrage universel.

Quelque 45 ans plus tard, les Français ont à peine pris conscience des mécaniques bancales que, pourtant, leurs politiciens d’alors, plus encore que ceux des autres pays, ont créées.

On se doit à cet égard, une fois de plus, de rappeler brièvement combien longue se révèle la liste des Hexagonaux nuisibles, rédacteurs des traités, règlements et directives, dont se plaignent nos compatriotes quand ils parlent de Bruxelles.

Dans les quelques jours qui nous séparent encore du scrutin du 9 juin, on continue de focaliser l’attention sur les têtes de gondoles des listes de candidats.

Depuis les Mérovingiens, nous croyons au chef tout puissant, hissé sur le pavois, déterminant et assurant le bonheur du peuple.

Pourtant, l’histoire nous l’enseigne : depuis Clovis, la plupart de ceux qui lui ont succédé ont démembré leur royaume divisé et chaotique. Sur les siècles s’étalant entre 496 et la victoire de Charles Martel à Poitiers en 732, d’où allait sortir la dynastie suivante, on ne compte guère que Dagobert unifiant les Francs, pendant 10 ans, de 629 à 639.

Ceux des lecteurs de cette chronique qui préféreraient des exemples plus modernes peuvent se reporter aux deux éphémères empires napoléoniens, ou, plus près de nous, à la cinquième république. Depuis Giscard, en 1974, chacun des élus successifs du suffrage universel est parvenu à faire regretter son prédécesseur, qu’en son règne pourtant, tout le monde exécrait ou méprisait.

Beaucoup plus féconds et durables furent les équilibres capétiens du roi en ses conseils et du peuple en ses états.

On se permettra d’en déduire pour aujourd’hui que ce ne seront pas les têtes de listes qui devront compter au sein de ce parlement lequel vagabondera demain entre Strasbourg, son domicile légitime, et Bruxelles, centre des institutions. Ce seront au contraire les groupes d’élus qui, se faufilant dans les dédales des 27 contingents nationaux, dessineront des lignes d’influences, inévitablement multidimensionnelles. Les passionnés de guerres picrocholines peuvent d’ailleurs remarquer dès ce 22 mai que leurs subdivisions ont déjà commencé.

Des couleurs qui se partageront l’hémicycle, on ne doutera pas que la préférence relative de cette chronique se porte, à défaut du blanc, sur les diverses nuances de bleu. On devra les souhaiter les moins divisées possible. Et l’on doit certainement se détourner du rouge et du rose. Mais la plus funeste, celle qui a pesé jusqu’ici de la façon la plus catastrophique sur les déséquilibres de l’assemblée me semble le vert. Et une bonne nouvelle semble se dessiner : le poids des éco-extrémistes s’apprête à reculer sérieusement.

Certes un très-nuisible Pascal Canfin, président de la Commission Environnement, agrégé au groupe macronien Renew, continuera de faire du mal, car il siègera très probablement encore. Il figure en numéro 4, sur 81 candidats, de la liste macronienne conduite par Valérie Hayer : si l’effondrement de celle-ci ne la place pas au-dessous de 5 %, il restera eurodéputé. Mais si son groupe cesse de représenter la charnière indispensable aux majorités, espérons-le du moins, il cessera de servir d’appoint à la gauche et au centre, et de monnayer son ralliement en imposant les lubies et les lobbies, voués à la voiture électrique, à la transition énergétique ou à l’agriculture biologique, acharnés à détruire l’économie européenne et à ruiner nos finances.

Dans cette Europe plurinationale et multidimensionnelle, et face à ses équations compliquées, on s’en tiendra donc ici aux certitudes simples. Il faudra sanctionner la décadence macronienne et voter contre les diverses formes de gauche. Il faudra se délester de la nuisance des éco-extrémistes.

JG Malliarakis 

https://www.insolent.fr/2024/05/un-parlement-multidimensionnel.html

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