Lâches soulagements

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Un fait résume la situation du pays : en 20 ans, la dette publique de l’État central parisien, est passée de 1 000 à 3 000 milliards.(1)⇓

Ce 2 décembre, un titre presque joyeux du quotidien Le Monde annonçait pourtant une nouvelle inattendue. Un répit, faussement miraculeux, venait d’être encore donné au gouvernement français par l’agence de notation financière américaine Standard & Poor’s.

Tout porte, hélas, à croire inutile et artificiel ce petit bol d’oxygène. Bercy compte en effet l’utiliser en 2024 pour pouvoir, sans trop souffrir du retour des taux d’intérêts à un niveau normal, lancer plus de 235 milliards d’euros de dettes nouvelles. Or, sur ces 235 milliards, 142 correspondront au déficit prévisionnel, cependant que 93 milliards serviront à couvrir les échéances d’emprunts antérieurs.

Le ministre macronien de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire parle au sujet du maintien de la fameuse note AA de Standard & Poor’s d’une « décision cohérente avec les choix du gouvernement » dont il se réjouit. Il ose cependant se prévaloir d’une prétendue détermination à « réduire les dépenses publiques et à accélérer le désendettement de la France ». Mensonge et mensonge.

En fait, le déficit prévisionnel des comptes publics de l’Hexagone pour l’année 2023 reste au niveau de 5 % du PIB, en violation des accords monétaires européens. Standard & Poor’s est donc fondée à ne maintenir la note de crédit de la France au niveau AA qu’en l’assortissant, comme elle l’avait déjà fait en juin, et comme le fait aussi l’agence Moody’s, d’une « perspective négative ».

Or, on doit craindre que nos dirigeants, technocrates et oligarques, ne sachent pas profiter du sursis qui leur est encore accordé. Loin de diminuer l’endettement, ils s’apprêtent à l’aggraver encore en 2024 : ainsi, la loi de finances prévoit imperturbablement 491 milliards de dépenses, pour 349 milliards de recettes, elles-mêmes calculées sur une croissance surévaluée. Ils n’envisagent toujours pas de procéder aux réformes indispensables à la santé économique du pays. Au contraire ils enfoncent la France dans ses pratiques bureaucratiques, ses réglementations paralysantes, ses subventions stériles et la mainmise de ses administrations centrales. On les impose toujours comme supposées résoudre les maux qu’elles ont engendrées.

Le maintien ruineux des faux droits accordés aux immigrés illégaux dans l’Hexagone est présenté comme une réponse à leur présence. Cette crue constante du nombre d’Étrangers st-elle jugée invasive, par l’immense majorité des Français, à l’instar du mouvement d’opinion observable dans toute de l’Union européenne et en Grande-Bretagne ? On verrouille alors comme exigence démocratique le fait de gouverner contre le sentiment populaire.

Ceci nous renvoie, en effet, à bien des enseignements d’ordre historique. L’expression titrant la présente chronique remonte ainsi à la crise de Munich et à l’année 1938. On doit la formule à Léon Blum qui se dira lui-même « partagé entre un lâche soulagement et la honte ».

Le hasard aura voulu que l’historien Jean Sévillia donnât, ce 1er décembre, au moment même où tombait l’avis de Standard & Poor’s, une agréable conférence présentant son nouveau livre.(2)⇓

Devant le public maurrassien du Cercle de Flore, cette brillante intervention était consacrée à la séquence précédente. Six mois plus tôt l’Europe avait reçu l’avertissement de l’Anschluss et de la mainmise de Berlin sur Vienne. La conférence de Jean Sévillia donne à vrai dire, sur l’événement, un éclairage quelque peu novateur, auquel en historien il vient de consacrer son ouvrage sous le titre de « Cette Autriche qui a dit non à Hitler ».

Sa thèse fondamentale est heureusement éclairée par sa sympathie profonde et sa fréquentation intelligente de la patrie de Mozart. Il démontre en effet que … malgré le traumatisme subi dans tout l’espace danubien en 1918 … résultant de la destruction de l’empire des Habsbourg voulue par le système du traité de Versailles … et contrairement à la logique nationalitaire de Woodrow Wilson, les 2/3 des Autrichiens ne voulaient pas de l’Anschluss. Cette annexion, annonciatrice de la guerre, leur fut imposée d’une façon extraordinairement brutale.

Comme ceux que notre pays reçoit depuis des mois, à propos de sa situation, financière mais aussi démographique et sécuritaire, cet avertissement, reçu en mars 1938 n’a pas été apprécié comme tel par nos prétendues élites républicaines.

Ainsi, l’affaire des Sudètes et la fameuse réunion quadripartite de Munich donnèrent lieu, en septembre, à un nouveau recul des Occidentaux et celui-ci fut regardé, en France, avec un « lâche soulagement ». On vit alors, après 20 ans de brouille franco-britannique, Londres et Paris choisir l’apaisement, sacrifiant la Tchécoslovaquie après l’annexion de l’Autriche.

Déformé et diffamé par la désinformation stalinienne, cet accord était conçu par Chamberlain qui, précisément, ne voulait pas plus s’allier à Staline que capituler devant Hitler. Dans l’esprit du Premier ministre britannique, il s’agissait d’un répit que l’Angleterre allait consacrer notamment à produire, au rythme de 200 par mois, les avions de chasse qui, en juillet 194O, après quelque 30 mois de cet effort industriel soutenu, permettront à la Royal Air Force de tenir tête à la Luftwaffe.(3)⇓

En France au contraire un Charles Maurras, pratiquement seul, sut donner publiquement le ton juste. « Il ne faut pas faire la guerre, recommandait-il alors. Si elle nous est imposée ou si, malgré nos conseils, elle éclate par la faute du Gouvernement, faisons-la et faisons-la bien, à fond, de toutes nos forces. Gagnons-la. Pour la gagner : Armons ! Armons ! Armons ! » (1)⇓

En regard, rappelons que le parti communiste s’employait, dans l’industrie de défense comme partout, au sabotage et à l’application des consignes du Komintern c’est-à-dire de Staline.

Notons qu’aujourd’hui la CGT et les laudateurs du prétendu modèle social français paralysent toute remise en cause de notre décadence.

Apostilles

  1. (1) L’association « Contribuables associés » diffuse sur Youtube une vidéo d’intérêt public. Mis en ligne le 4 novembre, ce film déjà été vu, en un mois, par plus d’un million de Français. Intitulé « Trois mille milliards : les secrets d’un État en faillite » elle mérite d’être partagée auprès de tous nos contacts.
  2. (2) Jean Sévillia « Cette Autriche qui a dit non à Hitler (1930-1945) » Perrin, 2023, 506 pages.
  3. (3) Ainsi, l’Angleterre conservatrice sut réagir beaucoup plus efficacement que la chambre française élue en 1936 sous le Front populaire et que les gouvernements instables de la Troisième république. Dès le printemps Lord Halifax à la tête du Foreign Office fit comprendre au gouvernement qu’il fallait rompre avec les illusions entretenues depuis des années et lancer un programme d’armement. Je ne puis ici que renvoyer le lecteur aux articles rassemblés et aux 95 documents diplomatiques publiés en annexe dans mon livre sur « L’Alliance Staline Hitler 1939-1941 » 
  4. (4) Nul mieux que son disciple Henri Massis ne présente ce cri d’alarme dans le tome II de son livre « Maurras et notre temps » publié en 1951 par La Palatine.

https://www.insolent.fr/2023/12/laches-soulagements.html

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