Philippe de Villiers n’est pas seulement un homme politique qui compte ou un scénariste de talent. Son dernier livre sur Clovis montre un historien intuitif, qui offre, à travers Clovis, une nouvelle vision de l’histoire de la France.
Philippe de Villiers, j’ai eu l’impression que votre livre sur Clovis est un livre contemporain, ou plutôt d’histoire contemporaine.
Oui – et c’est à peine volontaire. Il y a entre la période de Clovis et la nôtre quelques points communs vertigineux car la société romaine du temps de Clovis était, comme la nôtre, au bord du gouffre.
Il y a au moins deux points communs.
Le premier, c’est que lorsque Clovis est hissé sur le pavois la romanité s’effondre, parce que, depuis plusieurs décennies et même plusieurs siècles, le limes (les frontières de l’empire romain) se sont effacées. Du coup, l’identité de l’empire s’est trouvée dissoute. Deuxième point commun : le mos majorum, la coutume reçue des ancêtres, a elle-même disparu, ce Mos majorum tenait ensemble d’une part la fides on peut traduire par fidélité, ou fiabilité dans les rapports sociaux, et d’autre part la pietas, c’est-à-dire le culte des ancêtres qui produit la fierté civique. Lire la suite →