Source : https://www.politiquemagazine.fr/
De la conquête inspirée du monde au repli prudent, les États-Unis ont fini par douter de leur rôle historique. Mais aucune nation ne peut vivre isolée : d’autres impérialismes émergent et menacent le Nouveau Monde.
Depuis la création de leur pays par des protestants européens rigoristes, les Américains sont convaincus d’être missionnés pour une « destinée manifeste ». Dieu leur a donné un rôle particulier, celui d’être le nouvel Israël. L’Angleterre, entre autres, avait décidé de se débarrasser de ces encombrants illuminés et leur avait demandé, dès le XVIIe siècle, d’exercer ailleurs leurs talents messianiques. C’est ce qu’ils firent dès leur arrivée sur la nouvelle terre promise.
Si l’on veut comprendre l’histoire des États-Unis et leur volonté d’hégémonie, il ne faut jamais perdre de vue ce point de départ historique, toujours très présent dans la culture américaine. Sa conséquence a rapidement été théorisée, par George Washington et bien d’autres : un jour l’Amérique dominera le monde parce que c’est sa destinée. Et cette domination devra s’accompagner d’une conversion des dominés aux valeurs chrétiennes, démocratiques et économiques qui ont fondé la constitution américaine.
Toutes les interventions extérieures des États-Unis, y compris celles qui s’appuyaient sur les mensonges les plus éhontés et les objectifs les plus mercantiles, devaient donc se parer des vertus de la morale et de la volonté divine. Bien sûr, d’autres peuples, d’autres armées s’appuieront sur l’aide divine : du Dieu le veut des croisés de 1099 au Gott mit uns de l’armée allemande, nombreux sont ceux qui ont voulu mettre Dieu avec eux, avec plus ou moins de sincérité. Mais pas au point d’en faire une sorte de fil rouge permanent pour dominer le monde.
Après la guerre d’indépendance, le XIXe siècle américain sera une période de prudentes avancées. L’isolationnisme prétendu des États-Unis ne fut au contraire qu’une alternance de consolidation et de progression à pas mesurés et limitée au continent américain. La situation n’était pas mûre pour une conquête plus importante.