Aux éditions Pardès, Jean-Claude Valla nous propose une remarquable biographie de Doriot qui n’est ni une réhabilitation totale du « Grand Jacques » ni un pamphlet haineux et systématique (1) L’auteur s’appuie sur sa profonde connaissance de la période 1940-45 dont ont témoigné ses Cahiers Libres d’Histoire sur la Milice, Touvier, la Cagoule, la Résistance d’extrême droite, les socialistes dans la Collaboration (2) Sa documentation est sérieuse, constituée de documents personnels avec une utilisation judicieuse de la presse de l’époque. La vie et les activités de Jacques Doriot sont suivies tout au long de sept chapitres que l’on peut classer en trois parties.
Un communiste critique
Né en 1898 à Bresles (Oise) d’un père forgeron, Jacques Maurice Doriot est d’abord ajusteur à Saint-Denis où il se fixe en 1916. Mobilisé en 1917 il se bat en 1918, notamment sur le dur Chemin des Dames puis dans l’armée d’Orient. Il en revient avec deux citations mais marqué, d’où son pacifisme. Comme beaucoup de jeunes anciens combattants, il a cru à la « grande lumière à l’Est » et adhère aux Jeunesses communistes en 1920 après le congrès de Tours. Sa carrière dans le Parti est rapide. Sélectionné il est envoyé plusieurs fois à Moscou et même, sur ordre de Staline, en Chine en 1927 pour une mission. Il y est témoin de l’écrasement du PC chinois, compromis par Staline puis abandonné. De là son jugement (en privé) sur « cette canaille de Géorgien » ! Ce qui ne l’a pas empêché en France de se distinguer par ses activités de communiste « révolutionnaire ». Lire la suite « Doriot, du communisme à la collaboration »