Comme on pouvait le prévoir depuis quelque temps, le gouvernement se prépare à renoncer. Contre toutes les règles démocratiques, il se divise ouvertement. Sur la pointe des pieds, il enterre sa grande idée. Il prétendait aligner d’un coup de baguette magique 42 principaux systèmes monopolistes et obligatoires : on les appelle « régimes » de pensions, ce mot visant à la fois les caisses d’assurance-vieillesse elles-mêmes, quand elles existent, et la réglementation qui tend à les financer.
Pendant la campagne présidentielle de 2017, le jeune candidat Macron relevait de sa qualité d’inspecteur des Finances. À ce titre, sa pension de vieillesse future ne dépendait pas d’une caisse, mais du trésor public qui déduit ce qu’on appelle des cotisations fictives. Pour le grand public il lançait une idée, pourtant très difficile à mettre en œuvre. Celle-ci séduisit étrangement beaucoup de libéraux mal informés. On allait instituer, par l’effet d’une grâce jupitérienne, à la fois : • un régime par point, •• à prétention universelle, ce qui en France veut dire hexagonal, ••• et, enfin, les pensions seraient calculées de manière identique pour le secteur privé et le secteur public. Cette proposition, qui, sur le moment n’a pas été disséquée, a fortement contribué à tailler à son porte-parole un costume de réformateur, pour ne pas dire de Grand Monarque. Et elle lui a peut-être fait gagner les quelques points de popularité qui lui ont permis de devancer ses concurrents. Bien joué, pensa-t-on. Lire la suite « La réforme bat en retraite » →