
La Fontaine politique de Pierre Boutang vient d’être réédité par les éditions les Provinciales. Quand langue, philosophie et politique trouvent leurs rythmes, leurs rimes et leurs sens.
La Fontaine aura accompagné Boutang toute sa vie.
Des articles, à la fin des années quarante, sur celui que Sainte-Beuve appelait « notre Homère », salués à ce point par Maurras, alors prisonnier, que celui-ci lui demande de les récrire en vue d’un livre – la lettre de 1950 du prisonnier de Clairvaux servira de préface à ce La Fontaine politique qui ne sortira qu’en 1981, avant un autre livre, moins épais, La Fontaine. Les « Fables » ou la langue des dieux, en 1995 : Boutang et La Fontaine ne se sont jamais quittés.
Pourquoi « notre Homère » ? Parce que, comme l’Iliade et l’Odyssée pour les petits Athéniens, les Fables de La Fontaine sont, devraient redevenir, la maïeutique de chaque petit Français, à savoir le lieu où la langue exprime, au plus haut point, le lien entre l’âme et le corps, la cité et l’universel, la race – il ne faut pas avoir peur du mot, qui n’a ici rien de biologique – et la civilisation, la force, qu’il faut réhabiliter, en ces décennies d’hypocrite faiblesse, et le spirituel que pourrait signifier, sinon, la force d’âme ? —, enfin, entre la raison et l’imagination – plus encore qu’entre le concept, mot que n’aimait pas Boutang, et l’image : l’intelligence des choses, ni des hommes, encore moins du cœur, n’est réductible à la raison ratiocinante, contrairement à ce que pensait Descartes. L’analogie – merci Thomas, merci Vico – n’est-elle pas maître des Fables, comme de l’Odyssée ? C’est pourquoi, « chaque fois qu’un enfant apprend sa langue, il imite et prolonge l’aventure capétienne du rassemblement d’une terre dans l’unité de sa parole maîtresse, gardienne de l’unité du cœur. » Lire la suite « Littérature & Politique • LA FONTAINE ET BOUTANG » →